top of page

J'habite ici

CREATION MARS 2022

​

​

Notes d’intention

 

« Habiter quelque part »

Commencer par ça

Reformuler une question qui a généré durant des années bon nombre de nos chantiers artistiques

Parce qu’aujourd’hui elle résonne différemment

Dans les mouvements fébriles du monde contemporain

Mais aussi au cœur de nos incertitudes propres

« Habiter quelque part »

Un besoin essentiel viscéral de commencer par cette phrase

Les « cordes sympathiques » du sensible sont à vif

L’accord en « La » a du mal à se faire

Et les applications des smartphones n’ont pas le bon diapason

La connexion est fragile

Les oreilles sont parasitées par le bruit constant des inquiétudes et des sirènes 

Par le frottement omniprésent des armes sur le treillis des militaires 

Les dissonances majeures produisent des acouphènes qui perturbent les rêves

Les réveils sont douloureux

Des printemps surgissent à des endroits et à des époques qui ne sont plus celles des calendriers

Les Saints de glace ont oublié l’ordre des saisons

Le père de famille s’interroge sur les horizons laissés en héritage

Les écritures saignent en voyant l’avènement de longues nuits aux relents de sombres époques

« Habiter quelque part »

Une phrase comme un préambule à un projet artistique

Un projet devant formuler les axes des productions et des activités envisagées 

Mais où habiterons-nous demain ?

Quel en sera le paysage ?

 

Une lecture première, voire distraite, qui ne se soucie pas trop de la complexité des appartenances, des déterminismes, du sensible liés aux endroits, cette lecture première évoquera :

            La « géographie territoriale » de notre famille imposée à notre naissance. On naît quelque part, c’est bien connu : les chansons populaires en font des refrains.

            Ou un arrêt en gare pour une histoire d’amour par exemple : celui-là est plutôt romantico-joli, mais il y a des arrêts en gare beaucoup plus tragiques aux couleurs douloureuses de non-retour…

            Ou une panne de n’importe quelle nature qui nous plante à une adresse fixe et renvoie au fantasme la destination qu’on s’était fixée…

            Ou un lieu déterminé par une migration obligatoire, comme celle des pieds noirs après 1962.

            Ou une obligation liée à un travail.

            Ou...

La liste peut être longue, interminables, si on décline toutes les adresses postales déterminées par un principe de réalité et son adaptation ou son asservissement à celui-ci…

 

Mais

Si on se met à entendre 

« Habiter quelque part » 

Comme une question essentielle

Comme quelque chose qui ne va pas se traduire comme un point fixe devenu donnée d’un GPS

Mais comme l’idée d’un mouvement

De la question d’un acte qui chercherait à se mettre au pluriel avec des singuliers

Comme

Comment « on habite »

Comment on est « habité »

Comment on devient un élément actif du paysage pour aujourd’hui et pour demain

Alors la lecture change

La situation change

Les rapports avec le sol, le climat, les voisinages changent…

Et des dialogues peuvent s’ouvrir avec tous ces éléments.

 

Christophe PIRET

 

 

 J’HABITE ICI est un processus aboutissant à la création d’un spectacle à l’issue de son déploiement annuel, spectacle pluridisciplinaire et interactif, créé avec des habitants des quartiers prioritaires de MAUBEUGE, principalement les quartiers ECRIVAINS-PONT DE PIERRE, L’ÉPINETTE, SOUS-LE-BOIS et PROVINCES-FRANÇAISES. 

Des déclinaisons sont prévues sur le territoire d’AULNOYE-AYMERIES, à partir du lieu de résidence-création qu’anime le Théâtre de Chambre : le 232U, qui accueillera d’ailleurs plusieurs sessions de travail, ateliers et répétitions.

 

 J’HABITE ICI a été initié en 2020 et se poursuivra jusqu’en 2022 sur ces territoires.

 

Le processus annuel de création a pour ambition de faire émerger les paroles, de les mettre en lumière, d’en chercher la poésie et l’héroïsme ordinaire : il se construit peu à peu, à partir de rencontres et d’échanges, en s’appuyant sur le réseau institutionnel, associatif, humain qui maille ces territoires.

 

Certains de ces échanges débouchent sur la réalisation de CARTES POSTALES VIDÉO qui saisissent les paroles des habitants dans leur environnement ordinaire, celui dans lequel ils ont choisi de se présenter et de s’exprimer : leur foyer, un parc, une rue, un club de sport...Ces CARTES POSTALES VIDÉO sont réalisées pour être diffusées pendant les représentations du spectacle et en marge, à l’orée de ces représentations (préludes, rencontres, recherche de nouveaux partenaires, de nouveaux participants, etc...).

 

Une première restitution publique, issue des rencontres et échanges qui se sont multipliés en 2020, a été réalisée le 26 septembre 2020, ébauche scénique à laquelle ont directement participé plus d’une douzaine d’habitants des quartiers où se déploie le processus. Ils étaient accompagnés en répétition et sur scène de professionnels du spectacle, compagnons de route du THÉÂTRE DE CHAMBRE, et dirigés par Christophe PIRET.

 

Le processus de création se redéployera en 2021 : échanges, rencontres, ateliers et stages de pratiques artistiques. Les captations vidéo se multiplieront.

 

Les paroles confiées par les habitants seront ensuite formalisées...Cette étape d’écriture collective est indispensable au processus de construction du spectacle : la parole ordinaire devient texte. Dans un deuxième temps, le texte sera appris puis interprété par les participants au spectacle.

 

Puis le texte est mis en scène, pour aboutir à un spectacle singulier :  J’HABITE ICI #2

 

Si le porteur du projet est le THÉÂTRE DE CHAMBRE, son directeur artistique, Christophe PIRET est entouré d’une communauté d’artistes et de techniciens du spectacle qui s’investit dans la réalisation de « J’HABITE ICI », ainsi que de nombreux partenaires, indispensables à son inscription sur le territoire des quartiers investis.

 

ARDESTOP s’implique par le biais de son responsable artistique, Naïm ABDELHAKMI (vidéaste et artiste circassien), qui capte, mixe et monte les images et travaille à la réalisation du projet, aux côtés de Christophe PIRET.

 

SECTEUR7, intervenant dans le champ du Street Art et des Cultures Urbaines dans les quartiers de Maubeuge, s’investit doublement : d’abord l’association a un rôle de facilitateur pour nos contacts avec les acteurs et les habitants des quartiers, puis SECTEUR7 participe activement à la réalisation de J’HABITE ICI en y impliquant des artistes associés.

 

MOTS ET MERVEILLES œuvre dans le champ de l’alphabétisation, ses activités s’adressant à un vaste public allant des primo-arrivants aux personnes en grande précarité. Elle permet les rencontres avec les apprenants, en vue de leur participation aux différentes phases du projet.

 

LE MANÈGE – Scène Nationale de Maubeuge suit de près et soutient le travail de Christophe PIRET.

 

Les Mairies Annexes, les Centres Sociaux sont déjà très engagés à nos côtés dans la phase de rencontre avec les habitants et les associations des quartiers.

bottom of page